jeudi 21 juillet 2011

Féminine et féministe

Le mot est laché, le gros mot qui effraie: féministe.

Alors je commencerai pas le "féminine" histoire de ne pas vous faire fuir tout de suite.
Je suis ce que certain appelleraient "une vraie fille": j'aime le maquillage, les chaussures (chaussuuuuuuuuuuuures! Ce fut d'ailleurs mon premier complet, après maman et papa), les sacs à main, les robes, les bijoux, les paillettes et le rose.
Çà ne m'empêche pas d'aimer les jeux vidéo, de pleurer sur la disparition des MECANO en fer, de m'exciter sur ma X-BOX, de regarder le catch et d'aimer ça.

Féminine donc, et j'assume.
Ce qui donne parfois ce genre de discussion:
Lui: "Ah ouais? T'as un master d'écologie?"
Moi: "Oui. C'est si surprenant?"
Lui: " Bah tu admettras que des filles qui font attention à elle et qui sont intelligente, ça court pas les rues! Les intellos, bah elles ont un look d'intello! Ahah."

Ahaha...
En admettant même qu'une majorité d'intello donc, ne prête pas attention à leur allure, est-ce suffisant pour en déduire que celles qui s'apprêtent un peu sont forcément stupides?

Au travail, j'ai aussi eu le droit à ça:
Déjeuner avec deux collègues masculins, responsables et directeur respectivement.
Discussion autour de la réunion de la direction le soir même. Retour sur le rendez-vous que mon collègue responsable et moi-même avant eu dans la matinée.
Il s'avère qu'il faudrait faire part de cette entrevue à la réunion du soir, pour détourner l'attention de sujet délicat. Le compte-rendu de cette réunion est donc necessaire.
Fort bien.
Je continue de mastiquer tranquillement ma salade chinoise, quand les regards de mes deux supérieurs se posent sur moi avec insistance. Je relève les yeux, avale ma bouchée, et demande naïvement :
"Et bien quoi?"
"L va faire le compte rendu!"
"Il était au rendez-vous aussi, il peut le faire le compte rendu."
"..."
C'est la justification que j'ai eu: un long silence, et les deux hommes se regardant d'un air désespéré, surement en train de se dire télépathiquement : "Pourquoi elle comprend pas que c'est à elle de le faire?"
La raison étant: "...".

Vous allez me dire que ce sont mes supérieurs, et que de fait, ces menus travaux ne sont pas de leur ressort.
Pas plus du mien, même étant mes supérieurs, ils sont autant en charge des compte-rendus que moi.

C'est à force d'événements de ce genre que je me suis posée la question: pourquoi?
Qu'est-ce qui faisait que j'étais manifestement plus disposée au secretariat que mes collègues masculins? Pourquoi il semblait être impossible d'être apprêtée et intelligente?
Pourquoi le président de l'organisme pour lequel je travaille ne s'adresse jamais à moi, mais à mon responsable, alors que la discussion me concerne directement?
Pourquoi quand je porte une jupe au travail on me demande "qu'est-ce que tu veux demander?"?
Pourquoi est-ce que quand je porte une jupe, j'ai peur d'attirer les regards?
Pourquoi est-ce que l'on me dit de faire attention, parce qu'à mon âge il serait temps de me marier et d'avoir des enfants?

J'ai découvert que je n'étais pas seule à me poser ces questions, et surtout que je n'affabulais pas.
Ça s'appelle le sexisme.
Déterminer les aspirations, rôles, valeurs et capacités des individus, selon leur sexe. Qu'importe les diplômes, les passions, les talents, les envies, les capacités réelles: votre vie sera tracée selon votre sexe.


Je ne sais pas vous, mais moi je refuse cela.
Je refuse qu'un petit garçon voient ses rêves de danser à l'opéras de Paris éclater en mille morceaux, parce qu'on lui aura dit que "la danse c'est pour les filles".
Je refuse qu'une jeune femme diplômée d'un doctorat de mécanique quantique, se voit reléguée au rang de laborantine, parce que "les sciences dures ne sont pas un domaine de femmes".
Je refuse qu'une femme de 40 ans se voit conspuée et méprisée parce qu'elle n'a pas voulu d'enfants.
Je refuse que le père de famille qui va chercher son enfant à l'école, soit regardé comme un pervers pédophile.
Je refuse de subir des réflexions insultantes quand je porte une jupe

Je refuse d'être rangée dans une case.

Pour information, je ne suis pas un cu(l)be.

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